Amélie Decaux Facilitatrice urbaine

«  L’intérêt du label réside dans sa capacité à tisser des liens et coopérer entre toutes ces parties prenantes pour co-construire une qualité du vivre ensemble. »

Amélie Decaux – AD Consultant est facilitatrice urbaine auprès de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre privées et publiques, sur le Grand Ouest.


Déambulation animée de la ZAC de la Niche-Aux-Oiseaux à La Chapelle Thouarault (35) avec le Club Habitat & Qualité de Vie en présence des élus du secteur

Lors de la Rencontre Interrégionale des Clubs Habitat et Qualité de Vie, vous nous avez emmené en immersion dans une déambulation urbaine faisant appel à nos 5 sens. Quels sont pour vous les avantages de cet exercice ? 

J’ai été ravie de participer à cette 1ère Rencontre Interrégionale Bretagne et Pays de la Loire, qui avait pour objectif de mettre en condition un groupe de participants des Clubs Habitat et Qualité de Vie pour les initier à un atelier immersif sensible, en phase diagnostic amont. 

Cet exercice, qui se déroule généralement dans le cadre d’une procédure d’aménagement, inclue également des habitants ou riverains, experts du territoire. Lors de cet atelier, nous avons réuni un groupe de participants aux regards pluriels (élus, représentants de Sem, bureaux d’étude, constructeurs, aménageurs privés) pour partir à la découverte d’une ZAC précurseur sous divers aspects. La ZAC de la Niche aux Oiseaux, que les participants ne connaissaient pas, a été le support de l’atelier, permettant de partir à la découverte de ce quartier de La Chapelle Thouarault, commune de la 2nd couronne de Rennes Métropole. Le kit de déambulation a permis de stimuler l’éveil des 5 sens, en faisant parler en priorité ses émotions, ses perceptions sensorielles et ses ressentis.

En résumé, ce temps immersif a permis de porter un regard diagnostic avec un certain recul, pour essayer un instant de porter un autre regard, plus sensible et moins orienté métier. C’est un temps utile pour fédérer un groupe et se forger une représentation partagée et une vision commune, étape intermédiaire avant de définir les enjeux et axes d’orientation.

Le terme Assistant à Maîtrise d’Usage est un terme dont nous entendons de plus en plus parler. Quand est-il apparu et comment les élus s’en emparent ?

Il est à rappeler que ce terme, qui désigne la prise en compte de l’utilisateur final et de ses besoins tout au long du processus de fabrication, émane avant tout du domaine informatique et s’est parfaitement bien adapté au domaine de l’aménagement et de la fabrique urbaine.

Il a fait son apparition au début des années 1980 en France. Il est lié à l’émergence de la Politique de la ville et à l’action de l’Etat en matière de planification urbaine pour résoudre le « problème des banlieues » et réduire les inégalités sociales. Le terme de « maîtrise d’usages » apparaît en 1986 dans la loi MOP (loi relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée), sans être pour autant bien défini et approprié.

Le concept a ensuite été renforcé au cours des années 2000, par une succession de règles législatives dans le domaine de l’environnement, replaçant l’humain au cœur des préoccupations du Développement durable (Grenelle de l’environnement, loi Lamy, loi ELAN).

La fabrique du cadre de vie avec et pour ceux qui la pratiquent est à la base du système productif intégrant de manière tripartite la Maîtrise d’Usage, à la maîtrise d’ouvrage (MOU) et à la maîtrise d’œuvre (MOE).

Cette compétence d’AMU tient compte d’une expertise du vécu et place les écosystèmes locaux au cœur de la démarche. Par un souci d’optimisation économique dans le processus de co-conception entre les citoyens, elle est génératrice d’une plus-value sociale et d’une qualité du vivre-ensemble. Ainsi, les élus ont démontré ces dernières années, à différentes échelles de territoire, leur volonté d’instaurer un dialogue avec les citoyens et de remettre l’habitant-usager au cœur de la réflexion et de la conception du projet urbain.

Atelier habitants et experts sous forme de temps de créativité et de partage autour de la programmation du site de l’Ermitage, Tours (37)

Que facilite la facilitatrice urbaine ?

A l’interface entre les acteurs privés, publics et les usagers (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre publics et privés et maîtrise d’usage), mon métier de facilitatrice urbaine est d’accompagner l’émergence de projets urbains en lien avec les mutations de la société.

Mon rôle est de répondre aux enjeux actuels de notre société au regard des réalités locales, politiques, économiques, techniques, réglementaires, environnementales, sociales et culturelles, et de trouver des solutions participant à ce monde en Transition. 

Atelier habitants et experts sous forme de temps de créativité et de partage autour de la programmation du site de l’Ermitage, Tours (37

J’aide ainsi des opérateurs privés ou publics à mener leur réflexion en matière de programmation urbaine, par une approche sensible de l’urbanisme, en mobilisant et en associant différents types d’acteurs à la co-conception du cadre de vie pérennisé par le montage de modèles économiques et juridiques.

Atelier d’immersion diagnostic à la rencontre des habitants sur le Marché dans le cadre de l’étude urbaine du centre bourg de La Turballe (44)

Vous qui avez une véritable expérience dans le monde de l’aménagement, quel est pour vous l’intérêt du recours au label Habitat et Qualité de Vie pour les collectivités ?

Je suis particulièrement sensible au fait que le référentiel Habitat et Qualité de Vie et son outil méthodologique repose avant tout sur une qualité de dialogue et un mode gouvernance partagé entre l’ensemble des parties prenantes d’un projet d’aménagement, c’est-à-dire entre les élus, les aménageurs, les bailleurs sociaux, les constructeurs, les bureaux d’étude, les architectes, urbanistes, paysagistes et les citoyens-usagers. 

L’intérêt du label réside dans sa capacité à tisser des liens et coopérer entre toutes ces parties prenantes pour co-construire une qualité du vivre ensemble.

Cette qualité est ainsi porteuse de valeurs ajoutées pas seulement économiques mais également d’usages, sociales, environnementales où le vivant, humain, végétal comme animal se retrouve au cœur du projet.  De plus, ce label permet de développer une véritable singularité des projets par la gouvernance unique mise en place pour chaque projet intégrant des démarches participatives de concertation, et par la valorisation des marqueurs identitaires du territoire, économiques, sociaux, environnementaux et culturels.

Relevons ensemble les défis économiques, écologiques et sociaux de notre société pour fabriquer un cadre de vie en cohérence avec ce monde en Transition.

Pour en savoir plus sur l’activité d’Amélie : http://www.adecaux.fr/