Parole aux habitants – Les relations de voisinage 20 ans plus tard

11 May 2023

Le 11 mai 2023, sous le soleil Vendéen, les participants au Club Habitat et Qualité de Vie Pays de la Loire ont eu la chance de visiter le Val de la Pellinière, quartier d’exception aux Herbiers (85), en compagnie d’habitants engagés dans la vie de leur quartier. Retrouvez ci-dessous les échanges que nous avons eu avec l’Association des Résidents du Val de la Pellinière :

L’URBANISME

De quelle manière vous êtes-vous approprié le cahier des charges demandant une « architecture contemporaine » ?

Au début du projet, via une réunion d’information de la Mairie, et ensuite en travaillant avec un architecte. Par la suite, l’adhésion d’emblée à cette architecture dans ce cadre, des considérations environnementales et écologiques, sans bien sûr oublier l’encadrement initial et expert en la matière ont grandement influé sur l’appropriation du cahier des charges par les résidents. L’OAP demeure l’outil de base de motivation sur le sujet.

Le quartier vous paraît-il « dense » ?

Non, la présence des haies bocagères et l’absence de trottoirs encombrés de voitures y sont pour beaucoup. Il y a aussi des terrains assez grands, des chemins piétonniers, 2 squares, des jardins partagés, et un travail paysager le long de la rivière qui donne cette sensation d’espace.

La place consacrée à la voiture est-elle suffisante ?

Oui pour le quotidien, un peu moins pour les week-ends où les gens ont de la visite. Mais les parkings extérieurs commencent à être un peu plus utilisés. Nous travaillons actuellement avec la Mairie pour matérialiser des zones de stationnements discrètes (style parking enherbé)

LA CONVIVIALITE

Comment qualifieriez-vous les relations de voisinage au sein du quartier ?

Conviviales, surtout entre les propriétaires. Les locataires étant regroupés en lot, il est difficile d’avoir de l’interaction. De plus, très peu répondent positivement aux invitations pour les temps forts du quartier. Ils ne s’y investissent pas vraiment, et ceux qui l’ont fait sont souvent devenus propriétaires ici par la suite. Dans l’ensemble, c’est plutôt via les enfants que la mixité se crée.

Les jardins familiaux pourraient être aussi un bon vecteur de rencontres et d’échanges mais ils se heurtent au « tourbillon de la vie », aussi ont-ils été ouverts aux jardiniers extérieurs au lotissement.

Des initiatives ont-elles eu lieu pour favoriser les services rendus entre voisins, l’entre-aide, le partage ?

2 temps forts festifs par an animent le quartier (« pique-nique [+ l’AG] » en septembre et « vœux de l’an » avec « marrons-vin chaud » en janvier) qui sont des occasions d’échanges entre voisins, une page Facebook où l’on peut être au courant de l’actualité et demander des services, 2 comptes-rendus de l’association sur la vie du Val, les projets, les questions. Et dernièrement, une belle boite à livres suite à une demande des enfants du quartier.

Quelle appropriation des espaces publics avez-vous constaté ?

Les 2 squares sont utilisés pour les fêtes et réunions de quartier. Le chemin le long de la rivière reste un lieu de promenade des Herbretais, surtout au début, curieux de ces drôles de maisons sans tuiles. Je pense qu’on a fait évoluer les mentalités en positif sur l’architecture moderne, en montrant que ce n’était pas réservé à une élite, et que cela pouvait être adapté… et adopté ! Enfin, les week-end, particulièrement le dimanche, nous constatons que enfants et familles peuvent fréquenter, à l’occasion, l’aire de jeux.

Avez-vous relevé une évolution des pratiques au fur-et-à-mesure des années et des changements d’occupants ?

Pas vraiment, si ce n’est que certains (peu nombreux heureusement) ont enlevés leurs haies à l’intérieur de leur terrain, ne laissant que celles extérieures (pour gains de places ou pour éviter d’avoir trop à entretenir). Par ailleurs, l’expérience des jardins familiaux demeure fragile, la plupart des jardiniers de la première heure ayant renoncé, se repliant parfois sur un carré jardiné à la maison.

LE PARCOURS RESIDENTIEL

Quels ont été les facteurs déterminants qui vous ont amené à acquérir un bien au sein de ce nouveau quartier ?

L’architecture, le respect du val d’origine en conservant ses pentes, et l’harmonie des haies et de la vie qui s’y déroule, l’espace, l’idée de mixité.

Les haies bocagères sont également un marqueur fort du quartier. Et la proximité avec le centre ville facilement accessible à pied ou en vélo.

Pour vous le quartier propose-t-il du logement « pour tous » ?

Absolument, toutes les classes sociales et tous les âges y sont représentés.

EN SYNTHESE

Comment définiriez vous en quelques mots la qualité de vie au sein du projet Val de la Pellinière ?

Sereine, différente, il n’y a pas de craintes particulières à laisser jouer les enfants dans tout le lotissement comme on pourrait en avoir en ville, la circulation y est raisonnée. Ce grand parc de verdure a un côté apaisant, on s’y sent bien.

Le plaisir aussi de se croiser, d’échanger quelques mots, car ici on est plus souvent à pied qu’en voiture.

Quelles sont pour vous les forces de ce projet (exemple : le parc habité, la déambulation en sécurité, l’harmonie architecturale etc) ?

L’harmonie architecturale du début*, les haies bocagères qu’il faut voir fleurir au printemps (et qui apportent de la fraicheur l’été, et aide à conserver une petite faune à l’année).

L’inclusion de l’art dans le quartier (expo photos sur le chemin piétonnier, groupe de statues de Christian Lapie (à l’entrée du Val).

* Depuis l’ouverture aux lotisseurs, les projets sont plus « communs » moins racés, moins intégrés à l’ensemble existant, ce qui donne une sorte d’architecture qui oscille entre « un peu moderne » et classique, au rabais si j’ose dire.

Y a-t-il des axes du projet qui ont moins bien fonctionné  (exemple : clôtures, gestion des eaux pluviales, stationnement etc) ?

Les haies qui deviennent vite des arbres quand elles ne sont pas entretenues. Les zones de stationnement visiteurs un peu juste.

Pour vous le projet conjugue-t-il écologie et qualité de vie des familles ?

Oui et non : c’est surtout une question de volonté (et malheureusement de finances) de la part de chacun, même si tout est mis en place pour se faire. D’où l’importance de prendre en compte la sensibilité écologique des futurs résidents lors de la validation de leur projet (et des constructeurs qui les conseillent !). Nous ne sommes pas dans un lotissement classique, et ce cadre magnifique, c’est aussi à nous de le préserver. Mais pour revenir à votre question, de nombreuses familles arrivent à associer les 2.

Merci à Eric Croatto, Président de l’Association des Résidents du Val de la Pellinière.
Propos recueillis le 09 mai 2023.

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